mardi 30 avril 2013

Un début de renationalisation de la dette française ?

Le graphique de la "Détention par les non-résidents des titres de la dette négociable de l’État" que présente le bulletin mensuel de l’Agence France Trésor, l’organisme qui gère la dette publique, indique une tendance claire : la part des non-résidents est passée de 70,6% en juin 2010 à 62,5% en décembre 2012, en déclinant régulièrement. Une baisse de 8% en deux ans et demi d’autant plus significative qu’elle concerne des années de fort déficit budgétaire, et donc d’émission importante de titres de dette. Juin 2010 marque un moment d’inquiétude vis-à-vis de la dette française, comme nous l’avions indiqué dans ce billet, et cela explique ce point d’inflexion. Maintenant, il n’y a pas (encore) de défiance des investisseurs étrangers envers la dette française, 62,5% reste un "beau score" et les taux sont très bas, mais on constate un mouvement de renationalisation qui s’explique certainement par un désengagement des institutions financières françaises des dettes des pays du Sud de l’Europe. On se dit aussi que les gouvernements, l’ancien et l’actuel, font en sorte "d’inciter" les banques et les assurances françaises à acquérir de la dette nationale, pour plus de tranquillité. Ceci dit, avec deux tiers d’investisseurs étrangers détenteurs de la dette française, la crédibilité de la France concernant le retour à l’équilibre de ses comptes publics demeure cruciale, et jusqu’ici on n’a guère entendu que des promesses…

Philippe Herlin