lundi 31 décembre 2012

La SNCF pire que la Grèce ?

On sait que la Grèce a maquillé ses comptes pour rentrer dans l'euro, notamment en titrisant des recettes futures (recettes du loto ou taxes aéroportuaires), et ce grâce à Goldman Sachs. Titriser des créances, c'est à dire, toucher maintenant des sommes qui seront versées dans le futur, moyennant une forte commission, est une fuite en avant, un sauve qui peut budgétaire, un comportement irresponsable.

Eh bien c'est exactement ce que veut faire la SNCF ! Comme l'explique cet article de Challenges, les subventions des huit années à venir du STIF (le syndicat des transports d'Ile-de-France) seraient ainsi titrisées et la SNCF empocherait en une fois 770 millions d'euros, avec pour objectif de diminuer son endettement colossal. Les Franciliens attendront pour que le service - déplorable - s'améliore...

Anecdote perso, hier mon train Chinon-Tours de 20h19 a été annulé sans que je sois prévenu (alors que j'avais acheté mon billet sur le site de la SNCF et que celle-ci avait donc mon mail et mon téléphone), et sans que personne ne me renseigne à la gare, le guichet étant fermé, alors qu'il est normalement ouvert à cette heure. J'ai du rejoindre la gare de Tours en catastrophe et par mes propres moyens. Dans le TGV Tours-Paris, le contrôleur n'était même pas au courant...

Quand on en arrive à un tel niveau de fumisterie, d'incompétence, de mépris du client, et de cavalerie financière, il faut arrêter les frais. Faisons un voeux pour 2013 : démantèlement de la SNCF (séparer les grandes lignes des régions), suppression des régimes spéciaux et alignement sur le régime général (pour les salaires, les retraites, le CE, etc.), suppression des emplois syndicaux, et... privatisation ! Probabilité de réalisation : 0,1 %.

> Pour info, mon interview 10e vidéo la plus vue en 2012 sur Challenges !

Philippe Herlin

vendredi 14 décembre 2012

Les Pigeons définitivement pigeonnés !

Contrairement à ce que le gouvernement et le buzz médiatique ont laissé croire, les Pigeons ont perdu sur toute la ligne ! Ces startupeurs et business angels du Web s’étaient mobilisés pour protester contre la sur-taxation des plus-values de cession de leurs entreprises. Leur mouvement avait rencontré une vraie adhésion sur les réseaux sociaux et dans les médias. Peine perdue, cela n’aura servi à rien : l'article 6 du budget 2013, définitivement voté ce 13 décembre à l'Assemblée nationale, prévoit bien des abattements pour réduire la facture mais les critères sont irréalistes. Comme l’explique l’instigateur du mouvement dans une interview à Challenges, pour obtenir un abattement (limité qui plus est) il faut, attention : «que l'entreprise ait au moins dix ans d'existence et que le fondateur ait été au minimum cinq ans dirigeant actif, et qu'il ait eu au moins 10% du capital pendant deux ans, et encore 2% au moment de la cession.» Au-delà de sa complexité, on comprend qu’il concerne éventuellement les PME mais certainement pas les startups (dix ans avant toute vente !). L’acharnement idéologique du gouvernement et la technostructure de Bercy l’ont emporté sur le bon sens économique… et la création d’emplois.

On se rappelle que les initiateurs des Pigeons avaient sabordé leur mouvement en pleine gloire médiatique (jusqu’à fermer leur page Facebook et annuler au dernier moment une grande manifestation) considérant qu’ils avaient été entendus par le gouvernement, et aussi pour éviter toute «récupération» (par qui ?). Quelle naïveté ! Ils peuvent maintenant s’en mordre les doigts. En politique, il ne faut jamais oublier le rapport de force.

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Philippe Herlin

jeudi 13 décembre 2012

Le fragile édifice de la zone euro

Mon nouveau texte pour GoldBroker : Le fragile édifice de la zone euro

Mon interview dans Atlantico sur le sommet européen.

> Je dédicacerai mes livres lors du salon «Le livre en liberté» qui réunira plusieurs auteurs libéraux à la mairie du 5e arrondissement de Paris le samedi 15 décembre de 14h30 à 20h (j’y serai de 16h à 19h). Voici l’event Facebook. Au plaisir de vous y retrouver.

Philippe Herlin

lundi 10 décembre 2012

Au fait, ça ne va pas très bien pour l’Irlande et le Portugal

On avait fini par les oublier, la Grèce et l’Espagne monopolisant la une de l’actualité sur le front de la dette, mais l’Irlande et le Portugal ont toujours beaucoup de mal à s’en sortir, eux aussi. «L’Irlande à besoin de plus de temps pour rembourser» vient de déclarer le gouverneur de la banque centrale irlandaise (Boursorama). Le plan de sauvetage de 85 milliards d’euros était prévu pour une durée de trois ans, «cet argent sera assurément remboursé» nous dit le gouverneur, «mais le délai de remboursement devrait être considérablement allongé» affirme-t-il. On n’a pas vraiment le choix, mais on doit garder confiance, hum. Quant au Portugal, la presse lusitanienne nous dit que le pays «va exiger les mêmes conditions que pour la Grèce pour pouvoir retourner sur les marchés» (Negocios). Encore de sacrée pertes à prévoir pour les détenteurs privés et publics ! Et ensuite, on peut facilement le prévoir, l’Irlande et l’Espagne demanderont naturellement le même traitement…
(Merci à BA et à un anonyme de m’avoir signalé ces articles dans les commentaires du billet précédent).

Philippe Herlin

mardi 4 décembre 2012

L'argent sale aussi soutient l’économie...

L'Union européenne lutte-t-elle vraiment contre les trafics et le blanchiment d'argent sale ? On peut en douter lorsqu'on aborde la récurrente question de la disparition de la coupure de 500 euros. Quasiment jamais utilisée dans la vie courante (qui parmi vous en a déjà vue ? tous les commerçants la refusent), une agence criminelle anglaise, la Serious Organised Crime Agency a annoncé en 2011 que «90 % des coupures de 500 euros distribuées au Royaume-Uni sont dans les mains d'organisations malfaisantes» (Wikipedia). Selon un officier de la PJ, «La plus grosse coupure en euros n'est plus guère utilisée que dans les transactions ou s'illustre le crime organisé». La totalité des billets de 500 euros dans l’UE représente 288 milliards d'euros, soit le tiers de la valeur totale des billets en circulation (Le Figaro en 2012 et en 2010) ! Ces presque 300 milliards d’euros représentent donc de l’argent criminel (trafic de drogue essentiellement), une partie seulement bien sûr car les réseaux bancaires offshores sont aussi utilisés par les organisations mafieuses. Les Etats-Unis et le Canada ont depuis longtemps abandonné leurs coupures de 1000 dollars, mais en Europe on en parle depuis des années sans rien faire. Il serait pourtant facile de régler ce problème, il suffirait de suspendre la circulation de cette coupure et d'obliger leurs détenteurs à les ramener à leurs banques... La disparition de cette coupure ne va pas supprimer les trafics criminels bien sûr, mais on n'est pas obligé de leur faciliter la tâche ! De quoi la commission de Bruxelles a-t-elle peur ? Des dirigeants politiques en touchent une partie ? On n’ose y penser. Autre explication, étant donné la somme en jeu, ces 288 milliards d’euros représentent tout de même 3% du PIB de la zone euro (8729 milliards d’euros en 2010, Insee), lutter frontalement contre cet argent sale comporterait des risques de récession ! Bon, on attendra le retour de la croissance…

Philippe Herlin