mardi 27 novembre 2012

Grèce : encore 84 milliards d’euros pour rien !

En écoutant rapidement les informations on pourrait retenir le chiffre, déjà considérable, de 40 milliards « de plus » pour la Grèce. Non, ce qui a été signé cette nuit (Le Figaro), c’est un accord sur un allègement de la dette de 40 milliards d’euros, qui autorise le versement de 44 milliards supplémentaires d’aide, soit un total de 84 milliards d'euros !

Ces 40 milliards d’allègement sont une restructuration qui ne dit pas son nom, elle ne porte en effet pas sur le principal mais sur les intérêts. Les créanciers publics (BCE, fonds d’aide), qui détiennent désormais la quasi-totalité de la dette grecque, acceptent une diminution du taux d’intérêt versé sur les obligations, un reversement des intérêts déjà perçus, et un allongement des échéances (qui passent de 15 à 30 ans, on peut vraiment ici parler des calendes grecques !).

Et comme la Grèce est au bord de la faillite, 44 milliards d’argent frais sont versés au Trésor grec par les pays européens (34 milliards) et le FMI (10 milliards). Une somme que bien sûr on ne reverra jamais, et qu’il faudra encore « restructurer ». Le FMI souhaitait une vraie restructuration de la dette, mais cela aurait obligé les Etats à encaisser la perte, et Angela Merkel ne veut pas en entendre parler avant les élections générales en Allemagne qui auront lieu en septembre 2013. On continue donc de gagner de temps, et d’accroître la dette globale de la Grèce, en faisant croire au bon peuple que la Grèce pourra un jour rembourser (selon les signataires, la dette devrait être ramenée à 124% du PIB en 2020, au lieu de 145% escompté, quelle blague).

Et au fait, ça a fait deux lignes dans les journaux, mais la zone euro a décidé hier de verser 37 milliards d’euros aux banques espagnoles, et il ne s’agit que d’une première tranche…

Philippe Herlin

jeudi 22 novembre 2012

La dette de la France n’est plus AAA !

Mon nouveau texte pour GoldBroker : La dette de la France n’est plus AAA !

A noter que, depuis, Moody’s a dégradé plusieurs organismes publics ; dépendant directement de l’Etat, ils ne pouvaient plus garder leur triple A. C’est le cas de la Cades (Caisse d'amortissement de la dette sociale, qui gère la dette de la sécu), de l’Unedic (eh oui, l’assurance chômage est en déficit et accumule une dette croissante !), de la Caisse nationale des autoroutes (CNA) et de la RATP. Tous ces organismes emprunteront donc à l’avenir à des taux un peu plus élevé, ce qui pèsera sur leurs comptes…

Philippe Herlin

mercredi 21 novembre 2012

UMP : confusion et clarté

Les résultats de l’élection interne de l’UMP sont désormais connus. La confusion est extrême concernant l’élection du président, avec seulement 98 voix d’écart sur 175.000 votants, ce qui autorise toutes les suspicions, et risque d’affaiblir durablement le premier parti d’opposition (addendum à 16h30, l'équipe Fillon conteste ce résultat). Je ne pensais pas tomber si près de la réalité en employant le terme de mascarade pour expliquer mon refus de départager les deux candidats (voir ce billet). C’est tout le processus de cette compétition qui est vicié depuis le début et dont les contradictions éclatent à l'occasion des « résultats ». J’avais par contre appelé à voter pour La Droite forte, qui arrive largement en tête (28%). Si l’on rajoute La Droite populaire (10,8%) et, dans un autre registre, La Droite sociale de Laurent Wauquiez (arrivé 2e avec 21,7%), très critique envers l’assistanat et le poids excessif des impôts touchant les classes moyennes, nous avons les deux tiers des militants UMP qui remettent frontalement en cause le « modèle social français » qui nous mène à la ruine. Rajouté à une campagne axée sur le retour aux valeurs de la droite qui a permis à Jean-François Copé de faire son retard sur François Fillon, on peut constater un clair déplacement de l’UMP dans une direction libérale-conservatrice. Ce mouvement est loin d’être cohérent, il comporte de nombreuses contradictions, beaucoup de chemin reste à faire, mais il s’éloigne définitivement de la culture économique étatiste mêlée d’une vision sociétale de centre gauche initiée par Jacques Chirac et prolongée par Alain Juppé, François Baroin et quelques autres, qui sont désormais hors-jeu. Tant mieux. La confusion est patente sur les questions de personne (ou pourrait dire que les militants ont refusé de départager les deux candidats pour ne pas fermer la porte à celui qu’ils portent dans leur cœur, Nicolas Sarkozy), mais les idées se clarifient.

J’étais à la « Manif pour tous » samedi dernier, pour défiler contre le mariage et l’adoption par les couples homosexuels, et impressionné par son succès, avec plus de 100.000 personnes. Sans doute, les deux grandes manifestations de la Concorde et du Trocadéro qu’a organisé Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle ont-elles décomplexé le « peuple de droite » de descendre dans la rue. Il faut désormais faire de la grande manifestation nationale du 13 janvier à Paris un succès éclatant pour que le gouvernement remise son projet aux oubliettes (le site de La Manif pour tous).

Terminons par cette très amusante vidéo de 4 minutes (VOSTF) intitulée « Les raisons pour lesquelles les gens n'achètent pas d'or », qui parle aussi de l’indépendance d’esprit, et du socialisme :



Philippe Herlin

mardi 20 novembre 2012

Moody's dégrade la France, quelles conséquences ?

Moody's a dégradé la France hier soir, avec perspective négative (Le Figaro, communiqué de Moody's). Après Standard & Poor's en janvier 2012, c'est la deuxième agence à priver la dette française de son AAA, et seul Fitch maintient pour l'instant cette note. Après l'article du The Economist (lire cet article), voici le deuxième coup de gong.

Quelle conséquence ? Jusqu'ici, avec deux agences sur trois qui la notaient triple A, la France était de facto considérée comme triple A. Désormais ce n'est plus le cas et, automatiquement, un certain nombre de clients va arrêter d'acheter de la dette française ; c'est le cas de ceux dont les statuts les obligent à se limiter à des actifs bénéficiant de la meilleure notation, notamment les fonds de pension, américains ou autres. D'autres clients risquent de s'en éloigner également et il ne serait pas étonnant que les taux commencent à remonter... Toutes les banques qui détiennent des emprunts de l'Etat français dans leurs comptes vont devoir mettre en face un peu de cash de façon à tenir compte de ce nouveau risque, petit mais inexistant auparavant, en conformité avec les normes prudentielles internationales du Comité de Bâle. Et geler des liquidités, cela représente un coût, qui rend donc moins intéressante la dette française.

Au delà, l'image de la France va s'en trouver durablement dégradée. A mi-chemin entre la vertueuse Europe du Nord et la laxiste Europe du Sud, la France glisse encore un peu plus du mauvais côté. C'est toute la zone euro qui est affectée par cette dégradation.

Sans trop s'avancer, on peut dire que "l'été indien" de la dette française semble s'achever. Moody's justifie sa décision par une "perte de compétitivité continue et graduelle". Qu'ont fait les gouvernements actuels et passés pour s'attaquer à ce problème connu de tous qui mine notre économie ? Rien, ou si peu. Désormais nous risquons de devoir courir après le temps perdu...

Philippe Herlin

vendredi 16 novembre 2012

Le Libor est manipulé, d'accord, et c'est tout ?

Mon nouveau texte pour GoldBroker : Le Libor est manipulé, d'accord, et c'est tout ?

Par ailleurs, la vidéo de mon débat avec Olivier Delamarche, Nicolas Lecoq Vallon et Hélène Feron-Poloni approche les 40.000 vues sur YouTube ! Cet article d'Atlantico revient sur les moments importants.

Philippe Herlin

mercredi 14 novembre 2012

A quand un WIR français ?

La ville de Nantes va lancer une monnaie complémentaire (Le Figaro), c'est à dire une monnaie locale que chacun - particulier ou commerçant - pourra utiliser à sa guise. Les commerces acceptant cette monnaie offriront des réductions, ce qui permet de fidéliser la clientèle, et globalement l'argent dépensé profite plus à l'économie locale. Une très bonne idée, lancée au début du XXe siècle par Silvio Gesell, et qui rejoint la notion de mise en concurrence des monnaies développée par Hayek dans Denationalization of money (1976), j'en parle dans les deux derniers chapitres de Repenser l'économie.

L'homme à l'initiative de ce projet est Jean-Marc Ayrault, l'ancien maire de la ville. Il a défendu à plusieurs reprises dans la presse le WIR, une monnaie interentreprises suisse, la plus ancienne monnaie complémentaire du monde (1934), dont l'usage permet des facilités de paiement et de crédit (Wikipédia, comptes détaillés). Rendons lui hommage, très peu de responsables politiques en France connaissent cet outil. Le succès est incontestable : une PME suisse sur cinq l'utilise (en complément du franc suisse bien sûr, pas exclusivement). Imagine-t-on cela à l'échelle de la France ? Ce serait plus intelligent que la BPI, qui va coûter cher et ne pourra satisfaire qu'un nombre restreint de PME, et sera sous influence clientéliste. Et la mise en place d’une monnaie complémentaire ne coûte pas un euro d’argent public.

Maintenant Jean-Marc Ayrault est Premier ministre, que n'attend-il pour lancer un WIR français ? Mais, c'est vrai, les banques n'aiment pas les monnaies complémentaires, c'est en effet autant d'activité (et de commissions) perdues pour elles, pour des transactions qui s'effectuent en dehors de leur circuit. En 1934, les banques suisses se sont violemment opposées au WIR, sans succès, mais ailleurs en Europe, à la même époque, la plupart des projets de ce type ont rapidement disparu sous la pression du lobby bancaire. On imagine que les banques françaises ont du voir cette idée de WIR d'un mauvais œil et faire capoter l'affaire. Vérité à Nantes, erreur à Paris ? Allons, Monsieur le Premier ministre, un peu de courage !

Philippe Herlin

lundi 12 novembre 2012

Mon vote pour l'élection de l'UMP le 18 novembre

Au fait, il y a l'élection interne de l'UMP dimanche prochain, le 18 novembre, pour le président, les mouvements et la charte. Vous le savez, j'ai été candidat à la présidence (voir cet article et cette interview par exemple), j'ai été soutenu par le SIEL de Paul-Marie Coûteaux, les Nouveaux Républicains de Jean-François Touzé ou encore Alain Dumait fondateur de Contribuables associés, mais sans pouvoir recueillir, loin de là, les 8000 parrainages de militants nécessaires. Je défends un programme libéral (ramener l'Etat à ses fonctions régaliennes), conservateur (défense des valeurs traditionnelles, opposition au mariage et à l’adoption par les couples homosexuels, lutte contre l'invasion migratoire et l'islamisme), et je suis favorable à des accords locaux avec le FN (mais opposé à un accord de gouvernement). Personne ne reprend intégralement ces idées, mais je vais vous dire ce que je ferai ce dimanche, par transparence et honnêteté envers tout ceux qui m'ont suivi et encouragé.

Je m'abstiendrai pour l'élection du président, d'abord parce que cette élection était complètement verrouillée (le parrainage ne pouvait se faire via le web, il fallait envoyer une photocopie de sa carte d'identité !) et que deux candidats seulement, ce n'est pas une vraie élection démocratique. Je refuse de participer à cette mascarade. Je comprends ceux qui voteront Jean-François Copé, qui découvre après vingt ans de carrière que les militants de droite... sont de droite, mais pour moi sa posture est purement opportuniste et ne repose sur aucune conviction, il s'agit juste de tenter de rattraper le favori François Fillon.

Parmi les six mouvements qui se présentent, je choisirai La Droite forte de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier qui a le courage de défendre plusieurs idées authentiquement libérales qui n'ont jamais figuré au programme de l'UMP comme le chèque scolaire, la vente des logements sociaux, l'alignement du régime des retraites du public sur le privé ou la suppression des subventions aux syndicats. Il y a encore quelques idées stupides (déchoir le la nationalité française les "déserteurs fiscaux", l'embauche de journalistes "de droite" dans le service public alors qu'il faudrait plutôt désétatiser et privatiser ces médias), j'en avais parlé dans ce billet. Mais cela va dans le bon sens, et le fait que la "barons" du mouvement (Juppé, Baroin) soient ulcérés par ces nouveaux venus constitue en soi une bonne nouvelle.

Il y a enfin la Charte des valeurs, sur laquelle il n'y a aucune discussion ni choix possible, les militants n'ayant pas été consultés, il faut soit l'approuver soit la rejeter, ce qui est tout sauf une procédure démocratique. On y parle de liberté et de responsabilité, de Nation et d'Europe, très bien, mais pas des racines chrétiennes de la France (que La Droite forte veut faire inscrire dans la Constitution, un bon point). Bon, on votera pour, on peut quand même globalement s'y reconnaître.

Quoi qu'il en soit, si vous êtes militant UMP, il faut voter, le premier défi à relever c'est le taux de participation, il sera scruté par les médias et les autres mouvements politiques. Et pour l'avenir, tout reste à écrire.

Philippe Herlin

vendredi 9 novembre 2012

jeudi 8 novembre 2012

La bombe Dexia

La déconfiture de Dexia est loin d’être terminée, cela on le savait, mais la nouvelle du jour c’est que la France va en prendre une plus grande part ! En effet, dans la première mouture du plan de sauvetage signée en octobre 2011, la « bad bank » prenant en pension les actifs toxiques (environ 90 milliards d’euros), était garantie à hauteur de 60,5 % par la Belgique, 36,5 % par la France, et 3 % par le Luxembourg. Une « bonne » affaire pour la France alors qu’elle est la principale responsable de l’implosion de cette banque, notamment à travers son PDG Pierre Richard, comme nous l’avions signalé dans ce billet.

La nouvelle du jour donc, c’est que les Belges se sont réveillés et ont obtenu un rééquilibrage des garanties (plus que justifié sur le fond), puisqu’ils passent de 60,5 à 51,4 % de garantie de la bad bank, tandis que la France monte de 36,5 à 45,5 % (La Tribune). De quoi réduire la facture de 10 milliards d’euros en cas de faillite de Dexia, se réjouit la presse belge, soit autant de plus pour le budget de la France… En attendant les deux pays réinjectent 5,5 milliards d'euros (dont la moitié pour la France) dans le cadre d'une augmentation de capital.

Addendum : on apprend dans cet article que Dexia ne peut pas être liquidé avant 2099 (ce n'est pas une faute de frappe).

Philippe Herlin

lundi 5 novembre 2012

Rapport Gallois : aucun intérêt

C’est bien la peine d’avoir fait autant de raffut autour de ce rapport ! Il allait être trop audacieux, craignait-on, trop décoiffant. Non, il n’y a vraiment aucun risque de ce côté, le rapport Gallois n’est que le devoir appliqué d’un haut fonctionnaire. On y retrouve les vieilles recettes et les lubies étatistes et socialisantes qui coulent l’économie française depuis les années 70 (article du Figaro et rapport complet). A commencer, c’est presque un gag, par le retour du Commissariat au Plan, non pardon, à la « prospective », pour faire plus moderne. Il faudrait aussi que nos syndicats, dont le sens de l’analyse économique n’aura échappé à personne, entrent dans les conseils d’administration des grandes sociétés. Les régions, si bien gérées comme chacun sait, doivent plus s’impliquer dans l’économie locale, le budget de la recherche publique (au sein duquel trône notre vaillant CNRS) doit être « sanctuarisé », les PPP (partenariat public privé, dont les budgets dérapent) encouragés, les subventions publiques à l’export amplifiées, c’est formidable. Absolument rien concernant la « politique de l’offre », c'est-à-dire l’encouragement à la création de richesses. Quelques bonnes idées tout de même (développer la formation en alternance, un Small business act à la française, relance des recherches sur le gaz de schiste… immédiatement refusée par le gouvernement), mais il n’y a absolument rien de neuf. Le fameux « choc de compétitivité » ne consiste qu’à déplacer des charges pesant sur le travail vers la CSG et la TVA, ce qui peut améliorer les choses à la marge, mais ne rendra pas la « maison France » plus compétitive d’un iota. Surtout pas d’économies sur les dépenses publiques, vous n’y pensez pas ! Vraiment un rapport pour rien.

Retrouvez le podcast de mon passage sur Europe1 vendredi

Philippe Herlin

jeudi 1 novembre 2012

Les banques sont incorrigibles !

Mon nouveau texte pour Goldbroker : Les banques sont incorrigibles !

Autrement à signaler, la sortie des mémoires de Benoît Mandelbrot en anglais, on espère rapidement la traduction française.

Et les nouveaux MP3 de mon site Classical Music Mobile

Philippe Herlin