mardi 9 octobre 2012

L’économie n’est pas un tableau Excel

Cherchez l’erreur : l’Etat augmente les impôts de 65 milliards d’euros sur 2011-2013 (Les Echos) et le déficit budgétaire baisse seulement de 5 milliards entre le 31 août 2011 et le 31août 2012 (JDD) ! Bien sûr, ces 65 milliards de hausse d’impôts ne sont pas tous entrés dans en vigueur, certains interviendront en 2013 comme indiqué. Mais tout de même, les hausses d’impôts du gouvernement Fillon semblent ne pas avoir d’effet.

Il y a deux explications à ce phénomène :
1) Les gouvernements affirment contrôler strictement les dépenses mais ils échouent systématiquement. Celles-ci passent en effet (sur 2011-2012 à la date du 31 août) de 243 à 248,5 milliards d’euros. Les gouvernements, de droite comme de gauche, sont en réalité incapables de contenir la dépense publique (pour cela il faudrait des réformes structurelles, un gros mot !), malgré leurs annonces.
2) Les hausses d’impôts ne rapportent jamais autant que ne l’espèrent le ministère des finances car les Français mettent en place des stratégies d’évitement. Pour limiter la casse, ils modifient leurs comportements (on achète ses cigarettes à l’étranger, on conduit moins, on se reporte vers les produits low cost, etc.). Et d’une façon plus générale, surtout quand la pression fiscale ne cesse de progresser d’année en année, on prend moins de risque, moins d’initiative. Franchement, pourquoi lancer une entreprise aujourd’hui en France ? Et si l’idée est vraiment bonne, autant partir à Londres ou aux Etats-Unis.

Les calculs gouvernementaux de « réduction du déficit » sont réalisés de façon purement comptables, mais l’économie n’est pas un tableau Excel, c’est une matière vivante, infiniment complexe, et qui se défend contre les agressions de l’Etat. Pour réduire son déficit, le gouvernement devrait d’abord commencer par comprendre la réalité économique… un vœu pieux ?

Philippe Herlin