lundi 8 octobre 2012

Le Qatar achète-t-il également en masse de la dette française ?

J’ai déploré à plusieurs reprises, ici et dans mon livre France, la faillite ?, que l’Agence France Trésor (qui gère la dette de l’Etat) ne donne pas le détail des pays qui détiennent la dette publique française. Les deux tiers de la dette publique sont en effet détenu par des investisseurs étrangers (graphique), mais le ministère des finances (dont dépend l’AFT) ne communique pas la répartition par pays et l’évolution sur les dernières années ! Des données qui seraient pourtant instructives, et accessoirement utiles au débat démocratique, mais n’en demandons pas trop.

Ceci dit, le DG de l’AFT, Philippe Mills, lâche une information intéressante dans cette interview à NextFinance : « Cette année, la moitié des acheteurs nets de la dette française vient d’Asie et du Moyen-Orient contre 33% en 2011 et 20% en 2010 », essentiellement des « banques centrales et de fonds souverains » avait-il précisé trois lignes plus tôt. Des banques centrales de pays exportateurs (qui placent ainsi leurs euros excédentaires), c'est-à-dire d’Asie (pour les produits manufacturiers) et du Moyen-Orient (pour le pétrole), et des fonds souverains (provenant du Moyen-Orient, les pays d’Asie étant peu présents sur ce créneau). Autrement dit le Qatar, ainsi que les autres pays de la région (comme Abu Dhabi, où se trouve une base militaire française), achètent en grande quantité des emprunts de l’Etat français. Hum… Le Qatar nous aime tellement qu’il achète notre dette, ce n’est plus de l’amour, c’est de la rage !

Philippe Herlin