vendredi 27 avril 2012

L’Espagne prend le chemin de la Grèce

Les inquiétudes sur l’Espagne remontent à plusieurs mois, mais désormais tout s’accélère. Standard & Poor’s abaisse la note du pays de deux crans d’un coup, de A à BBB+ (c'est-à-dire « moyen », à trois crans du « spéculatif »). On savait que les banques étaient malades, à cause de l’éclatement de la bulle immobilière, on dispose de plus de précisions puisqu’elles auraient 184 milliards d’euros d’actifs immobilier « problématiques » dans leurs bilans. Le chômage atteint lui le taux record de 24,4 %, plus que la Grèce. L’économie entre en récession et, de ce fait, la baisse des rentrées fiscales empêche toute diminution du déficit, malgré les coupes dans les dépenses. La spirale infernale est enclenchée. Les fonds d’aide (FESF, MES) et le FMI ne serviraient qu’à gagner du temps et à augmenter le volume de dette. Quand il y a trop de la dette, il faut accepter d’en effacer une partie, c'est-à-dire, dans le cas de l’Espagne, que les banques face une croix sur une partie de leurs créances immobilières, avec l’aide éventuelle, et sans doute nécessaire, de l’Etat. Puis ensuite, éventuellement, la dette de l’Espagne aura à subir une restructuration. Mais il faudra du temps avant de l’admettre, on l’a vu avec la Grèce…

Droit de suite : j’avais publié sur Atlantico en octobre dernier Goodwills : l’autre bombe financière, qui m’avait valu de nombreux commentaires méprisants, certainement écrits par les services de comm des sociétés concernées. Cette semaine, le très sérieux L’Agefi confirme mon analyse avec Les groupes français se trouvent face à une montagne de survaleurs. Eh oui, 40 % du bilan des sociétés du CAC40 est complètement BIDON, construit sur des artifices comptables. Un jour ça va faire très mal.

Le journal Le Monde a parlé de mon livre sur l’or. Si vous avez apprécié mes livres, merci de poster vos commentaires sur le site Amazon.

Changez-vous les idées ! Voici les nouveaux MP3 de mon site Classical Music Mobile.

Philippe Herlin

mardi 24 avril 2012

Extension rapide de la crise en zone euro !

On savait que la Grèce allait mal, on a la confirmation que la situation continue de se dégrader : le PIB devrait reculer de 5% en 2012. L’espérance sur laquelle étaient construits les plans d’aide (donner du temps en attendant le retour de la croissance pour permettre au pays de rembourser) s’écroule. Ca va mal aussi en Italie, qui emprunte à des taux en forte hausse. Ca va très mal en Espagne où le ministre du budget déclare que le pays est «dans un moment d'extrême fragilité». Ces pays sont pris dans la spirale ‘taux d’emprunt en hausse-récession-déficit budgétaire’ qui les entraîne vers le fond. Même les vertueux Pays-Bas commencent à entrer dans cette spirale ! En face il y a quoi ? Des fonds d’aide (FESF, MES) qui ont ramassé quelques dizaines de milliards sur les marchés, un FMI qui fait la manche aux pays émergents. Autrement dit pas grand-chose. Et la France ? Pour l’instant elle regarde ailleurs, pour deux semaines encore…

Philippe Herlin

vendredi 20 avril 2012

Les banques se préparent à l’éclatement de la zone euro

Pour faire suite à mon dernier texte sur Atlantico, Petit manuel de survie en cas d’éclatement de la zone euro (article le plus lu du site hier !), cette possibilité d’une explosion de la zone euro reste bien sûr d’actualité comme le prouve cette étude publiée hier par la banque Natixis : Quelles possibilités de couverture contre un scenario d’éclatement partiel de la zone euro ? (commentaire : initiative louable mais il y a encore des efforts à faire, l’or n’est pas considéré comme une bonne protection, hum…). Il est évident que chez les banques et les investisseurs, ce « risque » est de plus en plus pris en compte. On a vu comment l’Europe avait tremblé avec la Grèce, qui ne représente que 2% de son PIB (et ce n’est pas fini), alors avec l’Espagne et l’Italie… Après l’embellie artificielle du premier trimestre 2012 (provoquée par les LTRO de la BCE, deux fois 500 milliards prêtés aux banques), ces deux pays empruntent désormais à des taux trop élevés pour espérer une quelconque stabilisation de leur dette. La crise est devant nous. Un petit conseil : même si elles s’y préparent, ne comptez pas sur les banques pour protéger vos économies, ne comptez que sur vous.

Philippe Herlin

jeudi 19 avril 2012

iTunes France est-il géré par des nuls ?

Vous pouvez vous étonnez que L’or un placement d’avenir ne soit toujours pas disponible sur iTunes alors que Repenser l’économie et France, la faillite ? sont, eux, bien présents sur le site de vente de livres d’Apple. J’y accorde évidemment beaucoup d’importance vu la diffusion des iPhones et des iPads. C’est d’autant plus incompréhensible que France, la faillite ? est sorti le même jour (le 1er mars) et qu’il est, lui, en ligne depuis cette date. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé et envoyé des emails, mais voici comment la hotline de iTunes gère le problème :

Le 8 mars j’interroge iTunes sur l’absence de mon livre sur l’or, voici une première réponse :
« J'ai été informée de votre demande d'assistance et je vais faire de mon mieux pour vous fournir toute l'aide nécessaire quant à la résolution de ce problème […] Si vous souhaitez que votre musique soit ajoutée à notre catalogue de titres, veuillez soumettre votre demande sur la page suivante: »
> Je leur explique qu’il ne s’agit pas de musique mais de livre, et que mon éditeur leur a envoyé le fichier…

Le 12 mars, zéro progrès :
« Je comprends tout à fait votre frustration et compatit avec vous. Comme je vous l'ai expliqué sur mes précédents messages, c'est à votre éditeur qui est la personne en charge et qui place vos livres sur l' iTunes Store de contacter l'assistance marketing et de voir avec eux les requêtes que vous souhaitez. »
> J’explique que ça a été fait, et que mon éditeur envoie une deuxième fois le fichier au service concerné !

Je saute quelques échanges. Mon éditeur fait ses relances de son côté. Le 6 avril, retour à la case départ :
« Notre département ne joue aucun rôle dans le processus de publication. Je vous invite à contacter votre éditeur afin qu'il puisse se rapprocher du département concerné. Je comprends bien que votre éditeur à envoyé le fichier au département Marketing, et que vous vous inquiétez de ne pas voir votre livre en ligne. Apple étudie chaque candidature individuellement, cela peut donc prendre du temps. »

Comme je ne peux pas joindre directement le service marketing (seul l’éditeur peut le faire), le 9 avril, je leur demande de transmettre mon mail au service marketing, réponse :
« Je ne peux pas transférer votre dossier au département Marketing. »

Ce mélange de bêtise et de mauvaise foi est stupéfiant. Il fait que mon livre sur l’or n’est toujours pas disponible sur iTunes, ce que je regrette. Mais je continue le combat et j’espère bientôt un dénouement heureux !

>> addendum du 11 juin : L'or un placement d'avenir est enfin sur iTunes !

Philippe Herlin

mercredi 18 avril 2012

Petit manuel de survie en cas d'éclatement de la zone euro

Petit manuel de survie en cas d'éclatement de la zone euro, mon nouveau texte pour Atlantico.
> texte le plus lu d'Atlanico le 19 au matin !

Par ailleurs, Repenser l'économie est Le livre du mois sur EasyBourse et a fait l'objet de cet article de Pascal Ordonneau sur Les Echos.

Si vous avez apprécié mes livres, merci de postez vos commentaires sur Amazon !

Philippe Herlin

vendredi 13 avril 2012

Inquiétudes en Espagne et en Italie

La crise revient, disions-nous la semaine dernière, spécialement en Espagne et en Italie où les « spread » (écart avec les obligations allemandes, la référence de la zone euro) augmentent. Mais ce ne sont pas seulement les Etats qui sont concernés, les banques également. En effet, sur les deux prêts géants de la BCE (les LTRO) des 21 décembre et 29 février de 1.000 milliards d’euros au total, les banques italiennes en ont consommé le quart ! Les banques espagnoles ne sont pas loin derrière. Au total (LTRO + autres prêts), les banques italiennes et espagnoles sont de plus en plus dépendantes de la BCE, pour des montants importants en valeur absolue, et surtout en forte augmentation ces derniers temps comme le montrent ces graphiques, ce qui montre l’urgence de la crise. Une partie de cet argent a servi à acquérir des obligations de leurs pays respectifs, d’où la détente sur les taux lors du premier trimestre. Maintenant les taux remontent… ce qui fait baisser la valeur de ces obligations, et dégrade d’autant les bilans des banques. Les relations incestueuses entre les Etats et leurs banques (je t’aide et tu m’achètes mes obligs) rendent la situation inextricable. Plus on attendra pour diminuer les déficits budgétaires, restructurer les dettes publiques et passer les bilans bancaires à la paille de fer, plus la crise s’approfondira, les MES/FESF et autres LTRO ne servant qu’à gagner du temps.

Philippe Herlin

mercredi 11 avril 2012

La révolution de la proportion diagonale

Dans Repenser l’économie, je consacre deux chapitres (11 et 12) à une théorie permettant de repenser complètement la loi de l’offre et de la demande. Cela marque pour moi une découverte essentielle permettant de renouveler la science économique et la pensée libérale. Il s’agit de la « théorie de la proportion diagonale », mise en évidence par… Aristote, signalée par Karl Polanyi, et explicitée et appliquée à notre monde moderne par Paul Jorion dans son livre Le Prix. Paul Jorion m’a demandé de rédiger une tribune invitée sur son blog, la voici : La révolution de la proportion diagonale.

En rédigeant cet article, je me suis rendu compte qu’une erreur s’est glissée lors de la composition de Repenser l’économie, page 197, où il faut lire, dans la formule, 'Citadin avec voiture' divisé par 'Citadin à pied', et non l'inverse.

Philippe Herlin

jeudi 5 avril 2012

La crise financière revient

La crise financière revient. Enfin, elle n’a jamais vraiment disparu bien sûr, il y a seulement eu une embellie provisoire grâce au déluge de liquidité de la BCE (deux fois 500 milliards d’euros prêtés aux banques à 1% sur 3 ans). Fin 2011, le risque de faillites bancaires et d’explosion de la zone euro était réel, la BCE est alors massivement intervenue, mais pour simplement gagner du temps comme nous l’expliquions ici. Certains pensaient naïvement que cet argent allait irriguer l’économie et relancer la croissance. C’est le cas de l’Agence France Trésor (l’organisme qui gère la dette de la France), qui écrit dans son bulletin de mars : « ces opérations devraient soutenir la croissance via la distribution de crédits à l’économie » (page 2). Quel aveuglement ! Maintenant, comme l’écrit Les Echos, « l'injection de 1.000 milliards de liquidités pour 3 ans de la BCE commence à montrer ses limites ». Les taux sur les emprunts espagnols et italiens remontent, la bourse recule, les inquiétudes sur la dette publique et le bilan des banques reviennent, le tout dans un contexte de croissance nulle ou faible. Comme aux Etats-Unis, les marchés vont se mettre à espérer de nouvelles mesures « d’assouplissement » de la Banque centrale européenne, ce qui ne constitue évidemment pas une solution à long terme.

Philippe Herlin

lundi 2 avril 2012

La dette publique de la France s’élève à 146% du PIB

Le chiffre officiel du ratio dette publique / PIB est de 86,1%, c’est celui que communique l’Insee. Le site américain indépendant de référence sur la finance, Zero Hedge, donne un tout autre chiffre : 146% ! Comment fait-il ? Tout d’abord en rajoutant les différentes « dettes » nationales (Dexia, garanties envers le secteur bancaire). Ensuite en additionnant les engagements de la France envers les différents dispositifs d’aides européens (FESF, MES) ainsi que les banques publiques (la BCE, la Banque européenne d’investissement). Soit environ 3.000 milliards d’euros (4.053 milliards de dollars dans l'article), au lieu de 1.700. Remarquons que l’on ne parle pas ici de la retraite des fonctionnaires (1.000 milliards d'euros environ) qui n’est pas provisionnée. On considère ici les engagements écrits. Une donnée à verser au débat présidentiel ? Ce serait inconvenant, voyons.

Philippe Herlin