vendredi 18 novembre 2011

Les magouilles de la Société Générale, et des autres…

L’Autorité des marchés financiers (AMF), dont la mission consiste à contrôler la bonne marche du marché financier français, se met rarement en colère, on lira donc avec intérêt sa dernière décision condamnant deux anciennes filiales de la Société Générale à 2,5 millions d’euros d’amende (article du Monde), SGAM (Société Générale Asset Management) et SGAM AI (Alternative Investment). On lira aussi les décisions in extenso sur le site de l’AMF : SGAM et SGAM AI.

Nous sommes à l’été 2007 et la crise des subprimes (qui éclatera un an plus tard lors de la faillite de Lehman Brothers) commence à étrangler les banques, elles manquent de liquidité. On se rappelle que le 9 août 2007 BNP Paribas a annoncé le gel de trois fonds contenant des subprimes, provoquant la consternation sur les marchés. La SG évite d’en arriver là en prenant des libertés avec la gestion du risque et l’intérêt de ses clients, pas moins. Selon l’AMF, «Le manquement de SGAM à son obligation d'assurer un contrôle des risques effectifs, en préservant l'indépendance de cette fonction par rapport à la fonction de gestion, est pleinement caractérisé». Et concernant SGAM AI, il est «inadmissible qu'une société de cette importance ait donné priorité à la poursuite de ses propres objectifs par rapport au devoir qui était le sien d'assurer l'information, la sécurité et la préservation des intérêts de ses clients.» On y apprend que la banque a fait signer des CDS croisés entre ses filiales de façon à contourner le ratio réglementaire de solvabilité, le tout en faisant exploser les risques (cf "l’examen du grief" page 9), hallucinant !

Au moment où la crise de la liquidité bancaire se réinstalle et où les doutes sur les banques en France et en Europe montent en flèche, on se dit que les banques recourent peut être encore à de tels expédients, qui permettent de colmater temporairement une brèche, mais font exploser les risques. On peut se poser la question, d’autant que l’amende (2,5 millions d’euros) est d’un montant ridicule.

Par ailleurs, à lire :
- "Est-on au bord du gouffre ?" "Oui"... et à ce rythme-là, à Noël c’est plié" si on n’a pas trouvé de solution... Ainsi s’est exprimé cette semaine un grand banquier français devant un public restreint. (Dominique Seux, Les Echos)
- Les obligations souveraines françaises sont sur une très mauvaise pente (Eric Fry, La Chronique Agora)
- Il y a une bombe sous le tapis (Myret Zaki, Bilan)

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr