mardi 26 avril 2011

Qui détient la dette publique ? une étude de Fondapol

Signalons cette intéressante étude du think thank Fondapol, Qui détient la dette publique ? On n’apprend rien de fondamentalement nouveau mais on y trouve des confirmations d’éléments dont nous parlons dans ce blog. La question de savoir qui détient la dette publique prend son sens à partir du décloisonnement des marchés financiers dans les années 80 et de la mondialisation qui ont permis aux Etats de se financer à l’international ; mais cette facilité introduit également une fragilité et un risque systémique… Comme nous l’avons déjà dit, « La détention par les banques et les sociétés d’assurances de gros portefeuilles investis en titres publics est donc un facteur de risque systémique pour l’ensemble du système financier en cas de crise de la dette » (page 9). De ce fait, « Préserver une base durable de détenteurs des titres publics redevient donc une préoccupation majeure pour les émetteurs souverains. En outre, l’identité des porteurs de titres publics redevient une donnée essentielle pour mesurer l’exposition des acteurs financiers à une crise souveraine et prévenir les risques de crise systémique » (page 7), et c’est justement une information que ne veut pas communiquer l’Agence France Trésor, dommage, et inquiétant…

On voit aussi que la course au rendement facile des banques a contribué à fragiliser le système financier européen : « La dette des pays périphériques a constitué un support d’investissement privilégié pour l’épargne excédentaire des pays du « cœur » de la zone euro, notamment l’Allemagne, dont les épargnants ont été attirés par les rendements plus élevés offerts par ces autres émetteurs européens classés par les agences de notation au sein d’une même catégorie de débiteurs » (page 17). Et voilà comment les banques allemandes et françaises se retrouvent avec des montagnes d’emprunts grecs, ça rapporte plus, mais elles n’avaient pas imaginé le risque de défaut ou de restructuration…

La monétisation de la dette publique (avec ses effets inflationnistes) est largement utilisée aux Etats-Unis, on le sait, mais aussi de façon « indirecte » en Europe, comme nous l’avions dit dans France, la faillite ?, : « un financement monétaire indirect des dettes publiques des pays fragiles de la zone euro est bien mis en œuvre En effet, les dispositifs de crise mis en place par la Banque centrale européenne (BCE) permettent depuis 2009 aux banques de la zone euro de se refinancer sans limite auprès de la banque centrale en apportant en collatéral leurs avoirs en titres publics. Par ce biais, les banques des pays périphériques ont massivement eu recours à la liquidité de la banque centrale pour acquérir des titres publics. » (page 25)

Enfin, « Il est probable, en dépit des dénégations officielles, que la dette des États membres proches de l’insolvabilité (Grèce) devra être restructurée d’une manière ou d’une autre dans les prochaines années, avec ou sans l’aide du FESF, en prenant en compte les retombées d’une telle restructuration sur le système bancaire européen. » (page 27). Rien de nouveau donc, seulement la confirmation de tendances très inquiétantes.

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr