vendredi 2 octobre 2009

Déficit structurel/déficit conjoncturel

Le projet de loi de finance 2010 présente une lecture originale du déficit qui devra être constaté pour l’année 2009, à savoir 141 milliards d’euros, les médias s’en sont largement fait l’écho. En effet, le ministère des finances divise ce déficit en un «déficit structurel» de 45 milliards d’euros et un «déficit de crise» de 96 milliards d’euros (57 milliards de baisse des recettes fiscales + 39 milliards du plan de relance). Sous entendu, lorsque la reprise sera revenue, ce déficit de crise s’évanouira comme par enchantement.

Mais la distinction est spécieuse et induit en erreur. Le «déficit structurel» n’est lui-même qu’un déficit conjoncturel qui dure, concrètement depuis le premier choc pétrolier et le budget 1975 présenté alors pour la première fois en déficit. Il s’agissait alors de soutenir la croissance et d’attendre des jours meilleurs, comme aujourd’hui ! Mais la croissance des Trente glorieuses à 5 % n’est jamais revenue et il a fallu se contenter de 2-3 % durant les années 80-90. Et les gouvernements successifs n’ont jamais voulu faire les réformes de structure nécessaires, d’où un déficit récurrent, et l’explosion de la dette depuis cette époque.

La crise déclenchée le 15 septembre 2008 ne va pas s’effacer de sitôt, les prévisions de croissance (du gouvernement, du FMI, de l’OCDE, etc) prévoient de timides 1-2 % de croissance ce qui veut dire ipso facto qu’une partie de ce que le gouvernement nomme le déficit de crise ou conjoncturel va devenir structurel…

Il faudrait comprendre qu’une crise ne se réduit pas à une variation d’indices (une vision de comptable de Bercy) mais rebat les cartes entre les industries, les pays, les flux commerciaux, les produits innovants, etc. Et pour s’y adapter et en tirer profit, il faut bénéficier d’une économie souple, innovante et à faible niveau d'imposition, ce qui n’est pas précisément le cas de la France… Ce qui est structurel au gouvernement et à Bercy, c’est cette incapacité à comprendre cela.

Le déficit public atteindra 8,5% du PIB en 2010, La Tribune

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr