mardi 24 mars 2009

Sur le partage de la valeur ajoutée

On entend depuis longtemps, et ce discours revient à la une à l’occasion de la crise, que le partage de la valeur ajoutée a évolué au détriment des salariés et en faveur des actionnaires. Le partage travail/capital se ferait de plus en plus en faveur du second. Et tous les discours d’inspiration marxiste, avouée ou non, de surenchérir sur l’exploitation des travailleurs par les méchants patrons qui s’en mettent plein les poches…

On oublie un acteur dans cette tragicomédie : l’Etat. Car c’est lui qui se sert en premier, et de la plus grosse part. On connaît ce chiffre, la somme des valeurs ajoutées au niveau d’un pays c’est le «PIB», et la somme des impôts, cotisations et taxes se mesure par le «taux de prélèvement obligatoire» (Etat + prestations sociales + collectivités locales) et il s’élève à 44%.

Donc le scénario est le suivant : l’Etat commence par se servir de presque la moitié des richesses crées en France, et ensuite les entreprises font ce qu’elles peuvent pour payer leurs salariés, continuer d’investir pour maintenir leur compétitivité puis, éventuellement, elles rémunèrent leurs actionnaires qui arrivent en fin de course.

Car les polémiques sur les «super profits» de Total ou de quelques autres ne doivent pas masquer le fait que le tissu économique de la France est constitué de PME dont la rentabilité est faible. Et, toute choses égales par ailleurs, faire pencher la balance du côté des salariés au détriment des entreprises conduirait automatiquement à des licenciements et à des fermetures d’entreprises.

La solution pour augmenter le pouvoir d’achat, ainsi que la compétitivité des entreprises (qui en ont bien besoin), est donc très simple : baisser les prélèvements publics. L’Etat doit moins dépenser, obliger les collectivités locales à être plus économes, et mieux gérer les prestations sociales. Et avec la crise et l’explosion de la dette publique, cela devient urgent.

Bizarrement, comme pour évacuer un tel débat, les statistiques officielles de l’Insee ne distinguent pas l’Etat en tant que tel mais mélangent maladroitement et de façon artificielle les impôts entre le capital et le travail (cf l’article de Wikipedia). A-t-on peur que les Français comprennent vraiment les termes du débat ?


Wikipedia : le partage de la valeur ajoutée
http://fr.wikipedia.org/wiki/Partage_de_la_valeur_ajout%C3%A9e

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr