mercredi 11 février 2009

Quand l’Agence France Trésor critique la BCE…

Non bien sûr, on fait un petit raccourci, l’Agence France Trésor (AFT), qui gère la dette de l’Etat, ne critique pas officiellement la façon dont la Banque Centrale Européenne gère la crise. Elle le fait indirectement, par l’intermédiaire d’une tribune « qui n’engage en aucun cas l’AFT », mais qui se trouve, tout de même, dans sa principale publication officielle (page 6), son bulletin mensuel, de janvier en l’occurrence. On va dire que c’est au moins un clin d’œil.

Cette tribune de Laurent Bilke (économiste chez Nomura) oppose les gestions japonaise et américaine de la crise financière pour défendre la seconde : « La Réserve Fédérale américaine opère de façon différente. Plutôt que d’insister sur le passif de la banque centrale – l’utilisation de la liquidité – comme la Banque du Japon l’a fait, son attention se porte sur ses actifs. Elle propose des actifs liquides en échange d’actifs des banques devenus illiquides et les prend à son propre bilan. La banque centrale ne souhaite pas contraindre les banques à prêter, mais bien à créer les conditions qui leur permettront de prêter à nouveau. »

Il déplore ensuite que « le débat sur ces questions est comparativement bien moins avancé en Europe ». Car « pour l’instant, la banque centrale s’est tenue à un objectif de court terme – éviter tout manque de liquidité au sein du système bancaire européen suite aux dysfonctionnements du marche monétaire – plutôt que de faciliter l’ajustement du bilan des banques. Ces ajustements sont pourtant tout aussi essentiels en Europe qu’aux Etats-Unis de notre point de vue parce qu’un certain nombre de banques européennes opèrent avec des effets de levier trop élevés ce qui les exposent à un retournement des économies émergentes. »

L’économiste de Nomura poursuit : « L’expérience Japonaise nous enseigne simplement qu’augmenter le volume de liquidité disponible n’est pas suffisant pour redémarrer la machine, aussi longtemps que les causes du problème n’ont pas été réglées. Et la meilleure façon pour les autorités publiques d’accélérer ce processus est d’alléger les banques de leurs actifs problématiques. »

Par l’intermédiaire de cette tribune, l’AFT s’inquiète(rait) de la solidité du système bancaire européen. Il est vrai, même si ces chiffres ne sont pas communiqués, qu’il doit figurer parmi les bons clients des emprunts de l’Etat français…

Le bulletin mensuel de janvier de l’AFT (cf page 6) :
http://www.aft.gouv.fr/IMG/pdf/224_BMT_FR__Janvier_09_-2.pdf

Philippe Herlin
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