mercredi 10 septembre 2014

La Philharmonie de Paris, déjà un bide ?

En ce début septembre, quelques mois ont passé depuis la publication de la brochure et des formules d’abonnement ainsi que de l’ouverture à la location des places à l’unité pour la Philharmonie de Paris qui ouvre en janvier 2015. Il est temps de faire un premier bilan et celui-ci s’avère particulièrement inquiétant : pour les concerts les plus importants que propose la nouvelle salle, c'est-à-dire des affiches parmi les plus prestigieuses que l’on puisse trouver sur le circuit international, il reste, pour la plupart, des places à 10 euros (la dernière catégorie) ! C’est bien la preuve que la Philharmonie a vraiment du mal à trouver son public. Y compris pour l’affiche reine de cette première saison, le Philharmonique de Berlin avec Simon Rattle dans la 2e de Mahler. Pour ce concert, et d’autres sans doute, toutes les places bon marché n’ont pas été proposées à la vente dans un premier temps, obligeant ainsi les mélomanes à acheter dans les catégories plus élevées (ce qui explique que celle à 90 euros soit épuisée), elles viennent d’être remises à la vente, ce qui n’est pas très sympa pour ceux qui ont du payer plus cher. D’autres grandes affiches ne parviennent pas à remplir, même à 10 euros, comme le jeune prodige Gustavo Dudamel, Valery Gergiev et le London Symphony Orchestra, Andris Nelson, la violoniste Anne-Sophie Mutter et le Concergebouw d’Amsterdam, John Eliot Gardiner dans la Messe en si de Bach, le New York Philharmonic et Alan Gilbert, Bernard Haitink et le London Symphony Orchestra, etc. Franchement, pour le prix d’une place de cinéma, profitez-en !

On comprend mieux l’annonce surprise du départ de Paavo Järvi de la tête de l’Orchestre de Paris, l’orchestre résident de la Philharmonie : il a du voir les chiffres catastrophiques des ventes d’abonnements et de places et n’a pas voulu s’embarquer dans cette galère.

Ce naufrage rend encore plus stupide l’interdiction faite à la Salle Pleyel (qui dépend de la Philharmonie) de programmer de la musique classique à partir de janvier 2015, sous prétexte d’obliger son public à migrer à l’autre bout de Paris. Ca ne marche même pas ! Raison de plus, s’il en fallait, pour revenir sur cette décision scandaleuse.

Philippe Herlin