lundi 16 juin 2014

Le scandale de la Salle Pleyel, suite et rebondissement

Nous avions récemment abordé ce sujet dans ce blog (lire l'article), à savoir que Laurent Bayle, le directeur de la nouvelle salle de la Philharmonie, qui ouvrira en janvier 2015, revend la Salle Pleyel qu'il occupait jusqu'alors. Logique, mais pour assurer à sa nouvelle salle un succès qui semble problématique (du fait de son éloignement, complètement à l'est de Paris), il veut tout simplement interdire aux nouveaux propriétaires de programmer de la musique classique ! Le public habituel de Pleyel, haut lieu du classique depuis sa création en 1927, devra faire le déplacement ou rester chez lui. L'appel d'offre vient de sortir et il est tout à fait explicite (Avis n°14-79589 publié au BOAMP) : "La programmation ainsi définie exclut tout concert ou spectacle de musique classique quel qu'en soit la forme (concert symphonique, récital, musique de chambre, opéra, etc.) y compris dans le cadre de manifestations à vocation commerciale ou de manifestations à vocation non commerciale (mécénat, soirée de bienfaisance, etc.)."

Heureusement un grain de sable vient de se glisser dans cette transaction indigne en la personne de l'ancienne propriétaire de la Salle Pleyel, Carla Maria Tarditi, qui conteste la vente de 2009 et attaque en justice toute l'opération (Le Figaro). On lui souhaite le plus grand succès. Plus globalement, on espère que le milieu de la musique classique se révoltera contre la mise à mort de cette salle mythique. Selon le directeur général adjoint de la Philharmonie, Thibaud Malivoire de Camas : "Quant à la décision de ne plus programmer de concerts classiques, elle a été prise avec le ministère de la Culture pour ne pas surcharger l'offre dans ce domaine, au moment où s'ouvrent la Philharmonie et l'auditorium de Radio France." Avec cette déclaration il démontre qu'il n'y avait pas besoin de construire la Philharmonie, merci de cet aveu ! La construction de l'Opéra Bastille ne s'est pas faite en fermant le Palais Garnier, heureusement, et le public répond présent (alors que la musique symphonique a déjà du mal à remplir). Et par ailleurs on voudrait juste lui rappeler que la France n'est pas l'Union soviétique et que ce n'est pas à l'Etat d'organiser la vie musicale, en allant jusqu'à restreindre la liberté d'expression, mais bien aux musiciens et au public.

Philippe Herlin

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Philippe Herlin