lundi 24 mars 2014

L’UMP doit lever l’interdiction des alliances locales avec le FN

Après le premier tour des élections municipales, tous les commentateurs ont convenu de la baisse du PS, du bon résultat du l’UMP et de la poussée du FN. Effectivement, mais il faut insister sur les deux derniers points : l’UMP (tout comme l’UDI) ne réalise pas de véritable percée, aucun "nouveau nom" n’apparaît au soir de cette élection et cette formation est incapable d’inquiéter la gauche, pourtant en recul, à Paris, Lyon ou Lille. La performance c’est le FN qui la réalise en multipliant ses scores par deux ou trois par rapport aux municipales précédentes et en réussissant des cartons dans de nombreuses villes (Hénin-Beaumont, Béziers, Fréjus, Forbach, Tarascon, Perpignan, Avignon, etc.). Lorsque le FN présente une personnalité connue (Florian Philippot, Louis Aliot, Gilbert Collard, Robert Ménard) ou bien implantée (Steeve Briois, David Rachline à Fréjus, Valérie Laupies à Tarascon), le candidat UMP est balayé de la même façon que celui du PS. Il faut se rendre à l’évidence : le Front National constitue l’élément le plus dynamique de la droite.

Dans ce cadre, l’interdiction par l’UMP de toute alliance locale avec le FN est stupide car elle coupe en deux de façon artificielle l’électorat de droite ; un électorat qui, lui, y est favorable selon tous les sondages récents, dont le dernier en date. Elle empêche de donner un grand coup de balai à la gauche municipale. Elle traduit un mépris pour les électeurs FN que ceux-ci font payer au deuxième tour lors d’un duel PS/UMP (par exemple Hollande-Sarkozy…). Elle est incompréhensible car au niveau local les différences de programme entre UMP et FN sont faibles, et en réalité convergent autour des thèmes de l’insécurité et de la baisse des impôts. Et cela n’empêcherait en rien de refuser tout accord au niveau national, tant il est vrai que les différences sur les programmes économiques demeurent irréconciliables, nous sommes bien d’accord.

Ce refus d’alliances locales est aussi dangereux car ce premier tour montre l’émergence d’un tripartisme PS-UMP-FN. Or, dans notre système majoritaire à deux tours, le tripartisme n’est pas viable à long terme, on reviendra rapidement à un bipartisme. Il suffirait de pas grand chose, par exemple que l’UMP présente à l’élection présidentielle de 2017 un candidat de la "fausse droite" comme Alain Juppé pour être pulvérisé par Marine Le Pen. C’en serait alors vite fini de l’UMP… Ce refus d’alliance équivaut à un suicide, il est temps d’y mettre fin.

PS : aidez-moi à défendre cette position au sein de l’UMP, cliquez sur ce lien, merci.

Philippe Herlin