vendredi 12 avril 2013

ALERTE : les comptes bancaires européens peuvent être officiellement spoliés

Michel Barnier en avait déjà parlé, désormais le projet de directive est officiellement mis en place : les comptes bancaires de plus de 100.000 euros seront mis à contribution en cas de crise bancaire. Chypre n'était donc qu'une première étape, comme nous l'avions dit.

En cas de faillite d'une banque, les pertes concerneront d'abord les propriétaires et actionnaires, suivis des créanciers "juniors" puis "seniors" puis, en troisième rang les déposants au-dessus de 100.000 euros. C'est seulement si cette addition s'avérait insuffisante qu'interviendrait l'argent public - y compris le fonds de secours MES (Le Figaro).

Ca c'est sur le papier. En réalité les actionnaires et les créanciers sont déjà rincés depuis longtemps lorsqu'une banque accumule les pertes. Le cash, le vrai, il se trouve dans les comptes. Ensuite on nous explique que les comptes de moins de 100.000 euros seront exemptés. Comme je l'ai expliqué dans ce billet, cela a été fait à Chypre uniquement parce que 10 milliards d'euros ont été apportés par l'Europe et le FMI. Mais pour un pays comme la France il faudrait des centaines de milliards ! Qui va les apporter ? Donc TOUS les comptes seront touchés. Et une ponction massive des comptes des particuliers et des entreprises provoquerait un effondrement économique.

On voit ici ou là des libéraux qui approuvent ce projet parce qu'il met chacun (actionnaires, créanciers, déposants) devant ses responsabilités, et ne sollicite pas le contribuable. Cette règle à elle seule peut être considérée comme juste, d'accord. Mais elle existe dans un environnement qui est tout sauf libéral. La liberté monétaire n'existe pas, je suis obligé d'utiliser l'euro, une monnaie mal foutue, je ne peux pas utiliser l'or, le dollar, une autre devise, ou une monnaie complémentaire solide et largement diffusée (si, le bitcoin arrive, OK), je suis coincé. La liberté bancaire n'existe pas, il y a juste un oligopole de banques "too big to fail", des banques "universelles" c'est à dire au fonctionnement opaque, et avec un levier de l'ordre de 1 sur 30 (30 euros d'engagement pour 1 euro de cash, enfin un peu plus en puisant dans les comptes bancaires, justement). Alors non, cette règle n'est pas libérale. C'est juste une autorisation officielle de spoliation.

Philippe Herlin