mardi 20 novembre 2012

Moody's dégrade la France, quelles conséquences ?

Moody's a dégradé la France hier soir, avec perspective négative (Le Figaro, communiqué de Moody's). Après Standard & Poor's en janvier 2012, c'est la deuxième agence à priver la dette française de son AAA, et seul Fitch maintient pour l'instant cette note. Après l'article du The Economist (lire cet article), voici le deuxième coup de gong.

Quelle conséquence ? Jusqu'ici, avec deux agences sur trois qui la notaient triple A, la France était de facto considérée comme triple A. Désormais ce n'est plus le cas et, automatiquement, un certain nombre de clients va arrêter d'acheter de la dette française ; c'est le cas de ceux dont les statuts les obligent à se limiter à des actifs bénéficiant de la meilleure notation, notamment les fonds de pension, américains ou autres. D'autres clients risquent de s'en éloigner également et il ne serait pas étonnant que les taux commencent à remonter... Toutes les banques qui détiennent des emprunts de l'Etat français dans leurs comptes vont devoir mettre en face un peu de cash de façon à tenir compte de ce nouveau risque, petit mais inexistant auparavant, en conformité avec les normes prudentielles internationales du Comité de Bâle. Et geler des liquidités, cela représente un coût, qui rend donc moins intéressante la dette française.

Au delà, l'image de la France va s'en trouver durablement dégradée. A mi-chemin entre la vertueuse Europe du Nord et la laxiste Europe du Sud, la France glisse encore un peu plus du mauvais côté. C'est toute la zone euro qui est affectée par cette dégradation.

Sans trop s'avancer, on peut dire que "l'été indien" de la dette française semble s'achever. Moody's justifie sa décision par une "perte de compétitivité continue et graduelle". Qu'ont fait les gouvernements actuels et passés pour s'attaquer à ce problème connu de tous qui mine notre économie ? Rien, ou si peu. Désormais nous risquons de devoir courir après le temps perdu...

Philippe Herlin