mardi 23 octobre 2012

Le naufrage programmé de la Philharmonie de Paris

Depuis longtemps j’entends parler de ce projet de grande salle de concert à l’est de Paris, juste à côté de la Cité de la musique, pour prendre la suite de la Salle Pleyel. Fréquentant régulièrement les salles de concert parisiennes (j’ai fondé les sites ConcertoNet.com et Classical Music Mobile), j’ai toujours eu des doutes sur la viabilité d’un tel équipement. Mes pires craintes sont désormais confirmées, et ce par un rapport du Sénat (voir aussi cet article de La Tribune). Les coûts explosent (de 170 millions d’euros pour l’estimation initiale à 386 aujourd’hui), la date d’ouverture est encore repoussée (fin 2014). Mais surtout, et le rapport demeure trop prudent et évasif sur ce point : cette salle sera vide. Hormis quelques grands concerts de prestige, la fréquentation chutera dramatiquement par rapport à la Salle Pleyel, qui a déjà du mal à remplir ! Car, on le sait, le public des concerts symphoniques se trouve à l’ouest de Paris, et il suffit d’avoir pris une fois la ligne 5 à l’heure de sortie des bureaux pour se rendre compte de la galère que cela représente, et ne parlons pas du périph’. Pour forcer le public à venir, la direction de la Cité de la musique veut interdire à la Salle Pleyel de programmer des concerts de musique classique, voici une vraie politique de terre brûlée ! Il faut arrêter les frais. Stopper ce projet maintenant ne serait pas incongru. Au moins faudrait-il laisser l’autonomie de gestion à la Salle Pleyel, et les orchestres comme le public choisiront. Un soupçon de libéralisme dans la politique culturelle de l’Etat ? Autant rêver.

Philippe Herlin