lundi 3 septembre 2012

Après Dexia, le Crédit Immobilier de France !

Depuis le temps que nous parlions du Crédit Immobilier de France (CIF) dans notre revue de presse, ou sur ce blog (le 10 mai 2012), enfin les grands médias se réveillent ! Il faut dire que la banque est en faillite et que l’Etat a officiellement décidé samedi de s’en porter garant à hauteur de 20 milliards d’euros (Les Echos, voir aussi Zero Hedge), sur un portefeuille total de 33 milliards de crédit, ce qui en dit long sur la qualité de ces prêts... De quoi faire un sujet de JT entre la météo et le foot. Des reportages où d’ailleurs on nous explique que c’est « à cause » de la dégradation par une (méchante) agence de notation que la banque se retrouve en faillite… Non, son fonctionnement est pourri, c’est tout : elle finance des prêts immobiliers (de long terme) avec de l’argent emprunté (à court terme) sur les marchés. Un numéro d’équilibriste qui ne pardonne pas en cas de perte de confiance. Northern Rock en Angleterre est tombé pour la même raison en 2007.

Mais le mal est plus profond. Le CIF, très proche du mouvement HLM, est spécialisé dans les prêts immobiliers aux emprunteurs modestes bénéficiant d’aides sociales. Ca ne vous rappelle rien ? Des prêts immobiliers à des ménages qui n’ont pas de revenus suffisants ? Les subprimes bien sûr, sauf qu’à la différence des Etats-Unis, ici tout est public (nous sommes en France !). Mais c’est une bulle, financée par l’argent public, de plus en plus difficilement d’ailleurs (d’où le relèvement du plafond du livret A, qui finance l’habitat social). Et la bulle continue de gonfler : le gouvernement s’apprête à faire passer le pourcentage de logements sociaux dans les communes de 20 à 25%. Ce qui veut dire encore plus de dépenses pour les villes (préemptions, constructions), pour les organismes HLM, et un renchérissement du parc privé (par la « pression » exercée par le secteur public).

La faillite du CIF traduit deux maux français : des banques trop faiblement capitalisées et un secteur du logement social de plus en plus obèse et coûteux. Deux maux qui vont produire d’autres catastrophes.

Philippe Herlin