mercredi 8 février 2012

Le rapport 2012 de la Cour des comptes

La Cour des comptes vient de rendre son rapport annuel 2012. Comme nous le disions dans notre précédent billet, la « trajectoire de retour à l’équilibre budgétaire » ressort plutôt de la méthode Coué puisque « l'essentiel (environ les deux tiers) de l'effort de redressement des finances publiques est encore à venir, même en intégrant les effets des derniers plans de rigueur. En outre, ces plans ont surtout conduit à relever les impôts, pas assez à réduire la dépense, une orientation qu'il s'agit désormais d'inverser en prenant des mesures d'économies radicales à effet immédiat. » (Les Echos). C’est clair, et ces « mesures d’économie » ne seront bien sûr pas réalisées en cette année électorale…

Parmi les différents dossiers couverts par ce rapport, relevons celui consacré à la Banque de France. Il n’y a pas que le bilan de la BCE qui enfle à mesure qu’elle soutient le secteur financier européen, c’est aussi le cas des différentes banques centrales nationales réunies au sein de l’Eurosystème. Ainsi « Le bilan de la Banque de France a triplé depuis 2003 et atteint près de 482 Md€ en 2010 » (page 274). Au-delà d’un effet technique (sur les billets mis en circulation, cf p. 274-275), et de la hausse du cours de l’or, cette progression résulte « de l’accroissement du volume des refinancements consentis aux établissements de crédit. » (p. 275). Concrètement, les banques françaises lui refourguent leurs créances pourries en échange de liquidités, résultat : « 44% [du portefeuille en euros pour compte propre, d’un montant de 56,7 Md€ au 31 décembre 2010] ont été investi dans des titres de dette d’Etat pour lesquels la probabilité de défaut n’était pas nulle à l’origine (Grèce, Irlande, Portugal, Italie, Espagne). » Voici une prise de risque inquiétante (la BCE envisage d'accepter une perte sur ses titres grecs, bientôt la Banque de France ?).

La Cour des comptes critique également la revente d’un cinquième du stock d’or (Le Point et rapport p. 278), une idée profondément stupide, nous l’avons dit. Cependant, comme nous l’avions indiqué dans ce billet, sur la foi d’un article du Figaro, il ne semble pas que l’or de la Banque de France soit gagé en tant que tel pour financer le prêt au FMI, mais que ce soit seulement le produit de la vente de ces 500 tonnes d’or (rapport p. 285). On continue de surveiller l’affaire.

Philippe Herlin