mercredi 15 février 2012

La Grèce, encore et toujours

Dans les médias et les capitales européennes, on se félicitait lundi du vote du parlement grec, considérant que l’accord était désormais sur les rails. Mais déjà aujourd’hui quelques inquiétudes apparaissent… tout n’est pas complètement bouclé, cela devrait intervenir dans les jours qui viennent… Mais on a oublié que le gouvernement grec a également décidé de provoquer des élections au mois d’avril. Et ce que l'on va bientôt comprendre, c'est que ces élections anticipées invalident quasiment de fait l'accord qui vient d'être signé au parlement. Le pays rentre en période électorale (donc le plan de rigueur sera suspendu ou appliqué à minima) et qui sait quelle majorité en sortira (une incertitude que n'apprécieront pas les marchés) ? La Grèce nous refait le coup du référendum surprise de Papandréou en novembre dernier, mais sous une autre forme. S’agit-il de « démocratie », ou plutôt de la faillite de la classe politique qui ne sait plus comment s’en sortir et se défausse sur un gouvernement « technique », des élections, un référendum, en attendant l’écroulement final ? Après on basculerait dans des scénarios catastrophes.

Le feuilleton grec continue donc, de pire en pire. Le total des aides s’élève à 400 milliards d’euros pour un résultat nul. C’est grotesque. Mais au fait qu’est ce qui coince vraiment ? Le fait que l’Union Européenne et les grands pays ne conçoivent pas que la Grèce sorte de l’euro, alors que ce serait la meilleure solution (mais ce serait remettre en cause leur croyance quasi religieuse dans la monnaie unique). Autre chose aussi, qui est lié : le fait que les Etats qui ont prêté à la Grèce ne veulent pas accepter de décote, parce qu’ils seraient obligés de reconnaître leur erreur devant leurs électeurs. Alors que les banques acceptent une décote de 70 % on le rappelle, les détenteurs publics (Etats, BCE) veulent être remboursés en totalité. Conséquence, la Grèce ne peut pas s’en sortir. Mais, on le voit, c’est l’interventionnisme public qui bloque tout, plutôt que les « vilains » marchés ou les « horribles » agences de notation, boucs émissaires bien pratiques.

Addendum, 15h : Des responsables de la zone euro étudient comment retarder certaines parties ou l'intégralité du deuxième plan d'aide à la Grèce, si possible jusqu'à après les élections prévues pour avril (Reuters) !

Philippe Herlin