lundi 27 juin 2011

Grand emprunt : l’orchestre sur le Titanic

Suite de la dégringolade au ralenti concernant la Grèce et la zone euro, le « roll-over » (voir notre billet précédent) n’arrivant pas à convaincre les banques, les cranes d’œufs de Bercy ont imaginé un système encore plus tordu ! Les banques possédant des emprunts grecs, lorsqu’ils arrivent à échéance, au lieu de réinvestir la totalité de la somme alors remboursée par le Trésor grec dans de nouveaux emprunts grecs (roll-over classique), réinvestiraient « 70 % seulement des sommes reçues à l'occasion des tombées d'emprunts grecs : 50 % sont alloués à de nouveaux prêts grecs, émis cette fois à 30 ans ; quant aux 20 %, ils sont placés sur ce que les financiers appellent un «zéro coupon», à savoir un fonds investi sur des titres de très grande qualité qui s'autoalimente ensuite grâce au cumul des intérêts. » N’importe quoi : la durée augmente (30 ans !), donc le risque, et le rendement diminue (zéro-coupon pour 20 % des nouveaux placements). Si on en arrive à des solutions aussi grotesques, c’est vraiment que la situation est grave !

Et pendant ce temps là, la Cour des comptes s’alarme face à l’emballement de la dette et le gouvernement dépense allègrement 30 milliards d’euros avec le « Grand emprunt », qu’il aurait fallu stopper net pour réduire le déficit. Un Grand emprunt qui ne servira à rien, comme nous le disions (voir ce billet), puisque tout cet argent passera par la tuyauterie largement percée et inefficace d’organismes publics (Oséo, Ademe, CEA, universités, Caisse des Dépôts, Anah…). Tel l’orchestre qui continuait de jouer sur le Titanic en train de sombrer, la haute administration française continue de dépenser à tout va quand une crise monétaire systémique menace…

Philippe Herlin