jeudi 22 juillet 2010

Un financement à haut risque…

Nous avons déjà signalé à plusieurs reprises le fait que la détention de la dette publique par les « non-résidents » (les investisseurs étrangers) constitue un indicateur crucial (voir cette note par exemple). Plus le pourcentage est élevé, plus on dépend de l’étranger, plus une crise de confiance s’avère grave et peut très vite mener à l’impossibilité pour l’Etat de se refinancer, c’est à dire à sa banqueroute. Pour la dette de l’Etat (1228 milliards d’euros, qui représente 80 % de la dette publique, pour laquelle il faut rajouter la sécu et les collectivités locales) le dernier chiffre disponible est de 69,4 % (voir le dernier bulletin mensuel de l’AFT, page 1). Près de 70 % de la dette de l’Etat est détenue par des non-résidents, 10 points de plus qu’en 2007 ! Cette dépendance devient vraiment dangereuse, mais il y a pire. La dette de l’Etat se répartit entre dette à long terme (les OAT, 781 milliards d’euros, page 9) et dette à court terme, de moins de deux ans (BTAN et BTF, 240 et 207, soit 447 milliards, 36,5 % de la dette totale, page 10). On a le pourcentage de détention par les non-résidents pour la dette totale (69,4 % on l’a vu), pour les OAT (62 %, voir page 4), mais pas pour la dette à court terme… calculons-le :
781 . 0,62 + 447 . x = 1228 . 0,694 ; soit x = 0,82
Ainsi la dette à court terme (moins de 2 ans) de l’Etat est détenue à 82 % par des non-résidents !!! Une perte de confiance sur la dette française, ou une perte du AAA, aurait ainsi des conséquences d’autant plus graves que le financement de l’Etat à court terme dépend quasi exclusivement d’investisseurs internationaux. La dette de l’Etat est vraiment sur la corde raide…

Le bulletin de juillet 2010 de l’Agence France Trésor (AFT)

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr