vendredi 5 février 2010

L’erreur de la BCE

La pression sur les dettes souveraines augmente encore d’un cran, Moody’s en vient à menacer les Etats-Unis de leur faire perdre leur AAA… Mais c’est en Europe que la tension est la plus forte, l’éditorialiste des Echos François Vidal évoque un «scénario à la Lehman» : «Un bras de fer est désormais engagé entre les marchés et la zone euro. Et son issue est incertaine. Tant que le risque était circonscrit à la Grèce aux déficits publics abyssaux et à l'économie vacillante, mais dont le poids dans la zone euro reste marginal, la peur d'un effet domino s'apparentait davantage à un fantasme qu'à une réalité économique. Depuis hier, la donne a changé. En pointant du doigt la fragilité de deux autres maillons supposés faibles de l'euroland, à savoir le Portugal et surtout l'Espagne, 4e économie de la zone, les marchés ont donné corps au risque de contagion. C'est désormais l'ensemble des composantes de la monnaie unique qui se retrouvent sous pression.»

Le «mur de la dette» se rapproche et la BCE vient peut être de commettre sa première erreur dans ce domaine. D’habitude austère et suspicieuse, la Banque centrale européenne vient de donner sa bénédiction au plan de rigueur présenté par la Grèce. La BCE «approuve les objectifs à moyen terme» que se fixe la Grèce pour sortir de son impasse budgétaire, et témoigne sa «confiance dans le gouvernement pour prendre les décisions en vue d'atteindre cet objectif», a déclaré Jean-Claude Trichet. Quelle blague ! La Grèce, qui a triché à plusieurs reprises sur ses statistiques, présente un plan ridicule comparé aux enjeux (des taxes sur l'énergie, le gel du traitement des fonctionnaires et le recul de l'âge du départ à la retraite) et la BCE applaudit ! Résultat l’euro dévisse. Et le premier ministre grec d’accuser la «spéculation», quel comique ce Papandréou ! Quel incapable surtout. La BCE avait jusqu’ici plutôt pas trop mal joué depuis la crise (stabilité dans la communication, refus de la planche à billet, remontrances aux Etats pour leurs déficits), mais en approuvant les mesurettes grecques, elle vient de commettre un faux pas.

La dette publique pourrait coûter aux Etats-Unis leur note AAA, Les Echos

Euro : un scénario à la Lehman, Les Echos

Mur de la dette et crédibilité des politiques publiques, Les Echos

Trichet relativise la gravité des déficits budgétaires au sein de la zone euro, Les Echos

Lire aussi l'édito de Jean-Michel Apathie

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr