mardi 9 février 2010

La spéculation a bon dos !

Depuis que la Grèce à fait connaître ses problèmes budgétaires suite au changement de gouvernement, les tensions se sont nettement accrues dans la zone européenne, l’Espagne et le Portugal sont touchés à leur tour et l’euro glisse face au dollar. Mais la principale réaction que l’on constate, aussi bien chez les gouvernants que parmi de nombreux éditorialistes, est «haro sur la spéculation» ! Loin de nous l’idée de défendre les hedge funds qui spéculent sur une sortie de la Grèce ou de l’Espagne de la zone euro, ou sur un défaut de paiement, mais cette «spéculation» dénoncée comme le bouc émissaire n’existe que par deux manquements graves, de la seule responsabilité des gouvernements européens. Premièrement le manque complet de crédibilité des plans de rigueur présentés par la Grèce, l’Espagne et le Portugal, qui se contentent de limiter la progression des dépenses publiques et de créer de nouveaux impôts. Face à l’ampleur des déficits c’est tout à fait insuffisant. Deuxièmement l’absence de règles européennes pour faire face à ce type de problème. Les critères de Maastricht sont complètement dépassés, qu’est-ce qu’on fait ? On ne sait pas ! Rien n’est écrit dans le pourtant très volumineux traité constitutionnel récemment adopté dans toute l’Union. Si un pays connaît un défaut de paiement sur ses emprunts, faut-il le sortir de l’euro ? Faut-il l’aider ? Comment ? A tout le moins, un mécanisme de type FMI (une aide conditionnée par un programme imposé de réduction des dépenses publiques) aurait permis de clarifier les choses et de mettre les pays trop dispendieux face à leurs responsabilité. Au lieu de cela chacun joue au poker menteur : la Grèce (aidez-moi sinon je fais un malheur), l’Espagne («l’euro est une monnaie forte» affirme Zapatero, on applaudit la méthode Coué), la BCE («nous n’aiderons personne», au risque de jouer la crédibilité de l’euro ?), l’Allemagne et la France (nous ne ferons rien… sauf au dernier moment mais on ne va pas le dire), pendant que Barroso et Rompuy (humour) sont aux abonnés absents. Une situation rêvée pour les spéculateurs !

Philippe Herlin
© La dette de la France .fr