mardi 22 décembre 2009

France/Japon

Une dépêche de l’AFP du 21 décembre annonce gravement « Le Japon croule sous une dette monstrueuse », et pour preuve : « Pour la première fois depuis 1946, le Japon va émettre plus de dette qu'il ne percevra d'impôts lors de l'année budgétaire 2009-2010, qui s'achève fin mars ». Effectivement la situation est grave, mais elle est quasiment identique pour la France puisque les recettes nettes de l’Etat en 2009 s’élèvent à 272 milliards d’euros (lire ici) tandis que l’Etat empruntera 252 milliards sur 2009, pour couvrir le déficit du budget et amortir la dette existante (lire ici) ! La situation est même plus difficile pour la France pour trois raisons :
1) 93 % de la dette japonaise est détenue par les Japonais alors que seulement 32,7 % de la dette de l’Etat est détenue par les Français (les « non-résidents » détiennent 67,3 % de la dette de l’Etat, lire ici), ce qui nous rend extrêmement dépendant des investisseurs étrangers.
2) La banque centrale japonaise peut monétiser la dette (« faire tourner la planche à billet ») alors que la BCE voit cette possibilité interdite par ses statuts.
3) Les impôts sont peu élevés au Japon (27 % du PIB, comme aux Etats-Unis), ce qui leur laisse une marge de manœuvre, alors qu’en France (45 % du PIB) nous sommes « aux taquets » et toute augmentation se traduirait par un affaiblissement supplémentaire de nos entreprises.
Le fait que le rapport dette/PIB soit plus élevé au Japon qu’en France (180 contre 80 %) ne doit donc pas faire illusion, la situation est plus tendue en France et une crise de la dette souveraine serait beaucoup plus grave pour elle.

Le Japon croûle sous une dette monstrueuse, AFP

Philippe Herlin